Au Cameroun on ne peut pas chanter sans danser

Article : Au Cameroun on ne peut pas chanter sans danser
Crédit: Rihanno Mars
21 juin 2022

Au Cameroun on ne peut pas chanter sans danser

Bon nombre de personnes commettent très souvent l’erreur de vouloir choisir entre chant et danse. Impossible de choisir pour un Camerounais. Nous sommes pour la plupart nés dans un cadre rural, nourris et bercés par les chansons patrimoniales et danses culturelles de toutes sortes : Benskin, Mangabeu, Bikutsi, Assiko, Makossa, Mbolé etc. On peut dire sans se tromper qu’au Cameroun chaque rythme a son pas de danse.

Crédit photo Rihanno Mars

Au Cameroun, on ne peut chanter sans danser. La danse a toujours accompagné le chant, ceci est ancré dans notre culture. Peu importe l’évènement (intronisation du chef, célébration de naissance, festivals culturels ect…), la danse est toujours au rendez-vous. Lors des funérailles surtout à l’Ouest du pays c’est une véritable chorégraphie qui est servie au public avec comme instruments musicaux des tam-tam et pleins d’autres instruments musicaux traditionnels.  

C’est aussi de là que vient l’inspiration de tous nos artistes musiciens et chorégraphes. Il est rare que les chansons chez nous ne soient pas rythmées. Si on ne sent pas du « toum toum », alors c’est une chanson triste 😔 et ici la vie est déjà bien assez dure et chère pour rajouter de la musique triste, on est d’accord.

Cet état des choses est assez visible par le fait qu’ailleurs lorsqu’on produit un album studio, on ne fait pas des vidéo clips pour tous les titres et même on en fait pour certaines qui ont touchés la sensibilité du public et/ou de la direction artistique. Chez moi, la direction artistique doit clipper la chanson la plus dansante pour donner le ton au public sinon la chanson passera inaperçue. Tel est le cas de plusieurs œuvres telles que «Paye ma chose »de MiNk’s, « Alain Parfait » de Ténor, «  Faya Faya » de Mimie et Locko ou encore de «On ne met pas le cœur » de Maalhox Le Vibeur. C’est cela qui fait d’eux de grands vainqueurs de cérémonie de récompense nationale.

Si les chansons rythmées connaissent un grand succès parmi nous, c’est alors qu’il faut créer un rythme à nous pour y chanter et danser.

C’est dans cet optique que le Mbolè est apparu depuis une dizaine d’années maintenant mais n’a véritablement commencé à être pris au sérieux que depuis deux, trois ans grâce aux médias sociaux et des artistes qui proposent du neuf comme Petit Bozard, Happi d’Effoulan, Petit Virus ou encore Tim Kayzer.

Le Mbolè n’est pas uniquement un chant, ni uniquement une danse mais une combinaison des deux qui utilise nos chansons, rythmes et chorégraphies de quartiers. Lui enlever un élément le dénature et l’enlève de nos cœurs. À nos jours, le Mbolè reste un excellent rassembleur pour les mélomanes qui préfèrent soit le Bikutsi, le Benskin et le Makossa.

Bien sûr que nous aimons la danse, mais nous aimons aussi le chant alors nous faisons en sorte de créer et apprécier les rythmes qui nous entourent. Écouter une composition et se mettre à danser n’a aucun sens si le répondant n’est pas présent pour crier « eeeeeeeh ».

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