On a eu deux jours de hautes vibrations artistiques ! Même la météo a été de notre côté, la pluie n’a pas empêché que l’on savoure pleinement chaque spectacle.

Coté musique, on a eu une belle brochette d’artistes de qualité, savamment sélectionnée dans l’Afrique entière et même au delà… du Cameroun en passant par la Guadeloupe, jusqu’à la RDC, sans oublier le Canada et la Belgique.

Cette année, l’innovation du festival était sans doute l’ajout de la danse au menu artistique du festival. La danse est un art qui se fait progressivement une place dans les festivals, même si au Cameroun l’inclusion se fait timidement, on note des évolutions non-négligeables.

Popping, Break Danse et danse traditionnelle étaient au menu de la 10 ième édition du festival Afropolitain Nomade. On doit ce plateau de danse bien fourni à l’association Moovedream, qui œuvre depuis plusieurs années déjà pour la promotion de la danse (tout style confondu) au Cameroun et au-delà.

Le premier jou du festival, la scène fut justement inaugurée par la danse. Place aux compétitions de Popping et de Break Danse. Venus majoritairement des villes de Douala et Yaoundé, les candidats ont rivalisé de par leur technique de danse, leur maîtrise de la scène, leur gestuelle… pendant près de 3 heures ! Le niveau était impressionnant, les danseurs nous ont offert un spectacle vivant, haut en couleur et plein d’énergie, le public était conquis. Le spectacle se passait sous le regard bien rincé de trois jurys, qui se sont assurés qu’un vainqueur soit designé à chaque étape de la compétition.

Pour le Break Danse, les vainqueurs de la soirée sont : Jake Fury en première place et Zegnac en deuxième place. Pour la catégorie Popping : Fabler occupe la première place tandis que Prosper prend la seconde.

Nous avons aussi assisté à différentes animations de danse traditionnelle de haute qualité.

Félicitation àaux programmateurs et félicitations aux lauréats du plateau de danse du festival Afropolitain Nomade 10 ième édition.

Eugène Christophe, jury de la compétition de danse au festival Afropolitain Nomade

Eugène Christophe jury de cette compétion de danse me confie ses impressions :

« Le fait que les organisateurs d’Afropolitain ont pensé à inclure la danse parmi les activités artistiques cette année est vraiment une démarche à féliciter.

S’agissant de la catégorie Popping, il y avait du lourd ce soir ! Côté technique de danse, les compétiteurs ont fait preuve d’une très bonne maîtrise, et par la même occasion, ils ont transmis une énergie positive au public, qui, en majorité, découvrait le Popping pour la première fois. Les applaudissements venant de partout dans le public témoignent de la grande qualité des prestations.

C’est exceptionnel d’offrir la scène d’un aussi grand festival à la danse et aux danseurs, surtout dans notre contexte camerounais où ils manquent cruellement de visibilité. Pour la prochaine édition, il faudra envisager plus de catégories pour déployer toute la richesse de la danse sur scène.

En ce qui concerne l’avenir de la danse au Cameroun (et en Afrique en général), le problème demeure celui du manque de structures d’accueil et donc de professionnalisation. Si on ajoute à cela le regard de la société souvent négatif à cause de préjugés sur les danseurs (qui très souvent ne sont pas pris au sérieux et sont perçus comme des voyous), la danse reste enfermée et non mise en valeur. Il faut faire connaître la danse pour casser les stéréotypes très souvent négatifs. Voilà le combat qui est le nôtre aujourd’hui.

Je suis très honoré d’avoir été convié comme jury à cette compétition de danse pour le festival Afropolitain Nomade,, c’est un honneur pour moi de pouvoir apprécier les talents camerounais. »

Jake Fury, gagnant de la compétition danse, catégorie break danse, n’a pas hésité à partager avec nous ce que cette victoire représente pour lui, qui a commencé à danser en 2007 après-avoir regardé le clip « Run it » de Chris Brown.

C’est un plaisir immense pour moi de gagner ce challenge ici même à Douala ! C’est la ville où j’ai fait mes premiers pas en tant que danseur de Break Danse. Aujourd’hui, plus que jamais, le Break Danse a besoin de ce style de scène pour donner de la visibilité à cette discipline, non seulement ça, mais également permettre que le public renoue avec les danses Hip Hop. Une scène comme celle du festival Afropolitain Nomade permet également au BBoy (danseur de break danse) de se frotter aux autres, aux confrères, de créer une saine compétition, mais aussi de préparer d’autres compétitions d’envergures internationales.

Big up à tous les organisateurs de ce festival, puisse Afropolitain Nomade continuer sur de beaux chemins pour la danse au Cameroun !

Par Rihanno Mars